Le goût silencieux, la pratique zen de la méditation de Valérie Duvauchelle est un petit bijou édité, tout en sobriété et élégance, par les éditions Actes Sud. Et en plus d’être beau, ce livre va vous emporter très loin. Si loin qu’après sa lecture, vous ne verrez plus la nourriture du même œil. Dans la tradition zen la cuisine est une méditation à part entière. Elle s’inscrit dans le prolongement de la pratique, telle une médecine du corps et de l’âme, elle est un moyen très concret de se relier au monde.

Cette connexion au monde c’est ce dont témoigne Valérie Duvauchelle : « Alors que je participais à la retraite d’été d’un temple zen de Sôji-ji au Japon […], je fis l’expérience de la rencontre profonde avec le vivant de l’aliment. Le goût du riz se révéla à moi d’une manière si intime que j’en fus bouleversée. Je ne mangeais plus un simple riz mais la douceur de l’amour maternel et je n’arrivais pas à comprendre ce qui avait permis cette transformation. C’est sur cette question restée sans réponse que mon voyage commença ».

La cuisine de la bienveillance

Inspirée de la tradition zen de la Chine et du Japon, cette cuisine dite de la bienveillance – « shôjin ryôri » – permettrait de renforcer son lien à la nourriture, de retrouver son espace intérieur et de contribuer à la guérison du monde. « S’il suffisait de regarder son assiette pour retrouver sa légitimité à être, tout simplement, s’il suffisait de comprendre ce que manger veut dire pour changer le monde, s’il suffisait de cuisiner pour œuvrer, pleinement. Perdus dans le chaos du monde et de nos doutes intérieurs nous oublions que seul le regard peut nous réconcilier avec ce monde et, mieux, le rendre meilleur », écrit l’auteur avant de poursuivre, « C’est donc l’histoire de ce regard, de sa construction et de ce qu’il soulève dont il est question ici et c’est par les cinq contemplations de l’assiette que nous choisissons d’y entrer ».

Récitées dans les temples avant chaque repas, ces contemplations basées sur l’identité, la dignité, l’harmonie, la santé, et la pratique, ouvriraient la conscience à la réalité profonde de ce qu’est la nourriture.  Et si, finalement, manger et vivre pleinement était la réponse de la « shôjin ryôri » à la situation de notre monde en transition ? Voilà un livre qui ouvre de nouveaux horizons.

Bio express : C’est au Japon, où elle a vécu une douzaine d’années, que Valérie Duvauchelle s’initie au bouddhisme zen. À l’occasion de sa première retraite, elle découvre la shôjin ryôri, ou « cuisine de la bienveillance », qui transforme profondément sa vie. Elle interrompt son travail de promotrice de cinéma pour se consacrer entièrement à cette pratique et se former auprès de différents maîtres. Elle est aujourd’hui tenzo, moine cuisinier.

Pour aller plus loin : www.lacuisinedelabienveillance.org et http://lacuisinedevalerie.blogspot.com/

Le goût silencieux, la pratique zen de la nourriture, Valérie Duvauchelle, éd. Actes Sud, 200 p., 30 €