Le mot sophrologie vient du grec sos (harmonie, paix, sérénité), phrên (esprit, conscience, cerveau,), logos (discours, science, étude). On peut aussi entendre en filigrane la sophia (sagesse) des philosophes, et aussi la sophrosunê (vertu de tempérance, repos, paix spirituelle) de Platon.

La discipline sophrologique vient de loin et ses sources sont multiples.

Elle a été créée en 1960 à Madrid par un neuropsychiatre et chirurgien espagnol né en Colombie, le Pr. Alfonso Caycedo. Son but était d’offrir une nouvelle réponse à ses contemporains névrosés auxquels la psychanalyse ou les diverses formes de psychothérapie n’apportaient pas de véritable soulagement.

 

En 1963, dans le cadre de ses recherches sur la conscience, Caycedo a eu l’occasion de côtoyer à Kreuzlingen (Suisse) le Pr. Ludwig Binswanger, psychiatre suisse qui avait créé en 1950 l’analyse existentielle (Daseinsanalyse), une nouvelle approche de l’être humain inspirée par la phénoménologie (science des phénomènes vécus plutôt que des objets extérieurs).  Parallèlement il s’est intéressé à l’hypnose, que Freud avait lui-même brièvement pratiquée, avant de l’abandonner au profit de la cure verbale.

De 1965 à 1968, sous l’influence de son épouse qui se passionnait pour le yoga, Caycedo a voyagé en Inde, au Tibet et au Japon, pour y étudier les phénomènes de conscience des grands mystiques orientaux.  Il s’est ainsi familiarisé avec d’autres conceptions et pratiques de la conscience : les yogas indiens, le bouddhisme tibétain et le bouddhisme zen. Ces trois disciplines orientales influenceront profondément sa vision du concept de conscience et le conduiront à élaborer les trois premiers degrés de sa Relaxation dynamique, le premier degré étant issu du Raja-Yoga, le deuxième du bouddhisme tibétain et le troisième du zen.

 

De retour en Occident, il allait reprendre ces techniques posturales, respiratoires et méditatives en les adaptant à l’Occident, et développer une méthodologie cohérente de techniques, fondées sur la relaxation, le souffle et la visualisation. Sa conviction – largement confirmée par la suite – était que la pratique répétée de ces exercices favoriserait tant la connaissance de soi qu’une vie harmonieuse, menée par chacun au mieux de ses possibilités et en accord avec son environnement.

La Sophrologie n’a cessé depuis lors d’évoluer et de se diversifier, la sophrologie caycédienne voisinant aujourd’hui avec d’autres approches, plus symboliques ou analytiques.

 

Compte tenu de ses origines multiples, définir la sophrologie tient de la gageure et ne devrait pas constituer une priorité pour les sophrologues praticiens. D’ailleurs le Pr Caycedo lui-même a évolué dans les versions qu’il en donne : en 1960, il la définit comme « une école scientifique qui étudie la Conscience, ses modifications, et les moyens pouvant la modifier, dans un but thérapeutique, prophylactique ou pédagogique en médecine ». En 1992, il en fait « la science de la Conscience et des valeurs de l’existence ».

Le Pr Caycedo a élaboré six théories successives, qui ont donné forme à la sophrologie caycédienne, laquelle se veut spécifique par rapport à tous les autres courants qui s’en sont à la fois inspirés et progressivement détachés. Les nouveaux courants sophrologiques reconnaissent la validité pratique de la sophrologie caycédienne mais ils ne reprennent pas systématiquement sa sémantique, qu’ils jugent inutilement complexe et jargonnante. Par ailleurs, certains courants se veulent plus symboliques, à l’instar des divers types de rêve éveillé (jungien, chamanique, etc).

Ruth SCHEPS

Sophrologue, à Qee

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