La grenade est un fruit impossible à catégoriser : une grosse pomme rouge et dure, avec un pédoncule rappelant une fleur, et pourtant catégorisée comme une baie… Hors normes, elle est riche de vertus qui le sont également. Si la pratique du yoga, et peut-être de l’Ayurvéda, vous a amené à être tout particulièrement à l’écoute de votre santé, il est fort probable que vous la consommiez régulièrement. Mais savez-vous comment et pourquoi en retirer le meilleur ?

La grenade est citée dans les textes sacrés des trois religions monothéistes, comme dans la mythologie grecque et certaines religions polythéistes. Ancestrale, précieuse, symbole de fertilité, elle est un joyau de l’Orient utilisé pour soigner tous les maux. Probablement née en Asie centrale, elle fut emmenée à travers les âges jusqu’en Méditerranée, et même en Provence. La grenade est donc un fruit bien de chez nous, cultivée en bio dans la région d’Avignon !

Aujourd’hui, on s’appuie sur les études scientifiques pour confirmer ce que nos ancêtres avaient constaté par l’expérience. Sa grande richesse en antioxydants, supérieure à celle du thé vert, de la myrtille ou du raisin, est attestée. On conseille ainsi de consommer du jus de grenade, plus riche en antioxydants que le fruit, pour prévenir les maladies cardio-vasculaires, inflammatoires et neurodégénératives, ainsi que certains cancers (prostate, sein, côlon). Riche en potassium, il est également recommandé aux sportifs après l’effort.

La couleur rouge de la grenade peut nous guider de manière instinctive. Elle est due aux anthocyanes, pigments présents dans tous les végétaux de couleur rouge et bénéfiques au cœur et à la circulation sanguine. En yoga, on peut relier la consommation de grenade à l’activation du chakra racine, muladhara, intimement connecté à la terre et représenté par un rouge profond, qui favorise l’ancrage et la stabilité. Comment ? Simplement en sirotant tranquillement un verre de jus de grenade tout en méditant sur la couleur rouge, la féminité, la fécondité…

En Ayurvéda, la grenade est un fruit d’importance qui possède trois qualités : douceur, acidité et astringence. Selon les variétés, plus ou moins sucrées, elle va donc pacifier les trois doshas ou bien aggraver légèrement Pitta du fait de son astringence). L’Ayurvéda recommande deux verres de jus de grenade à jeun en cure de trois mois dès le début de l’automne – sa saison chez nous jusqu’à la fin de l’hiver -, ce afin de nettoyer les artères et le sang et profiter de ses qualités refroidissantes, anti-inflammatoires et tonifiantes pour le cœur et le système nerveux.

Déguster une grenade demande un peu de temps et d’application. On choisit toujours un fruit bien lisse et lourd, qui ne sonne pas creux. Son écorce est dure et renferme des centaines de graines, les arilles, qu’il convient de détacher des membranes blanches (mais attention, ce sont ces dernières qui contiennent des antioxydants en quantité, tout comme l’écorce). Pour cela, une astuce toute simple : faire rouler la grenade sur le plan de travail en appuyant du plat de la main sur tout son pourtour, de manière à décoller les graines sans déchirer l’écorce. Puis, la couper en quatre et extraire les arilles soit à l’aide d’une fourchette, soit à la main. Quelle que soit la méthode, mieux vaut enfiler un tablier…

Les grains de grenade peuvent se conserver au congélateur. Ce sont de vrais bijoux à ajouter en déco sur les verrines, les tartines de houmous, les salades de crudités ou de fruits, les taboulés, le riz, le curry… Un bol de graines de grenade est un en-cas idéal une heure avant une pratique de yoga. Ces arilles peuvent également rafraîchir un plat mijoté ou épicé, comme le curry, surtout si on les mélange avec un produit laitier (yaourt à la grecque, par exemple).

Une alternative aussi santé que gain de temps : le jus ! Ses tanins lui donnent un goût légèrement amer car il contient une partie des membranes blanches. On peut très bien l’extraire ou le mixer puis le filtrer maison, mais l’acheter tout prêt est plus pratique. Si c’est en le buvant que l’on en tire le meilleur, il serait dommage de ne pas l’inviter en cuisine.

Les Libanais le font longuement réduire avec du sucre ou du miel jusqu’à obtenir une mélasse de grenade, véritable régal à incorporer dans les sauces, les marinades et préparer leur fameuse tartinade de poivrons grillés (muhammara). On peut aussi simplement l’utiliser comme coulis pour napper un fromage blanc ou un cheesecake. En pâtisserie, le jus de grenade peut remplacer ou compléter le jus de citron (dans une tarte, par exemple) ou bien le lait végétal (dans un riz au lait, une crème dessert ou une pannacotta). Il donnera alors une couleur rouge sombre, presque noire, et la cuisson lui fera perdre une partie de ses antioxydants. Mais les tartes aux jus de citron et de grenade sont un tel régal que l’on peut s’autoriser à fermer les yeux sur ce détail !

 

Par Cléa